jour 1 et 2 : installation

Nous sommes vendredi 16 mai 2014, et lorsque j'arrive sur le camping situé à 45 minutes du Harwood hole, il fait déjà très froid.

Il est presque 17h30 , la nuit ne va pas tarder à tomber. Anto et Adri, ainsi que Manu et Eva (un couple d'allemand participant également à l'aventure) s'activent déjà pour faire du feu. C'est la première fois que je les rencontre, nos contacts s'étant limités à quelques mails et conversations téléphoniques.

Je suis tout de suite très bien accueilli. Les conversations tournent autour de la slack, de la NZ, de la Réunion. Tout fier, Adri me montre l'arc de chasse qu'il a acheté, non pas pour faire rotir du possum au dessus du feu mais pour faire passer plus facilement la sangle de l'autre côté du Harwood hole.

En effet, le trou étant très profond et environné de bush sans aucun chemin, la partie la plus ardu de l'installation va être de passer la corde de back up et la sangle d'une falaise à l'autre. Le plan est le suivant : se frayer un chemin à travers la végétation, faire confiance à la petite photo pixellisé qu'Adri a sur son portable pour trouver les points d'ancrages, accrocher du fil de pêche à l'une des flèches, l'équipe A tire au dessus du précipice depuis l'un des remparts, l'équipe B réceptionne sur le versant adverse, tend le fil de pêche et fais passer à l'équipe A une corde accroché par un mousqueton en le faisant coulisser. Le lien est fait entre les deux équipes, la sangle peut être tendue. Bref, du gâteau quoi ! Voilà pour la théorie, nous verrons que la pratique a été quelques peu différente^^

Le froid et la nuit sont tombés, Adri et Anto sont partis se coucher, je reste avec Eva et Manu autour du feu. Eva parle pour se réchauffer (elle parle d'ailleurs anglais, français, allemand et un peu portuguais) elle parle tellement qu'elle fait cramer ses chaussettes au dessus du feu. Peu avant d'aller au lit, une voiture arrive sur le parking et un gars d'une vingtaine d'année nous rejoint près des flammes. Il s'appelle Max, il est un allemand et grimpeur de compétition ! Quand il apprend ce que l'on compte faire ce weekend, il abandonne tous ses projets et se joint à nous. Nous mangeons des pommes au sucre, cuites au feu de bois et regardons les étoiles. La nuit est glaciale, personne ne veut quitter le feu pour aller au lit. Précisons également que manu et eva dorment dans une tente ! Lorsque que je rejoins mon fidèle bongo, il est entièrement recouvert d'une fine couche de glace. Je mettrai une heure à me réchauffer malgré mon pyjama, mes collants en laine (blanc et très moulant...je vous laisse fantasmer), mon bonnet, mon duvet de soie et mes deux couettes. Ça promet !

Reveil à 7h30 le lendemain, le soleil et la lune se font face. Après le petit déj, on décide de tester l'idée du fil de pêche et de l'arc sur un champs près du camping. On ne dépasse pas les 50 mètres de distance...il nous manque 10 mètres pour passer le harwood hole. Au moment où Adri décide de laisser tomber les essai et de s'en remettre à la chance pour les 10 mètres manquants, il nous demande tout de même : "Quelqu'un d'autre veux essayer ?". Je lève la main tout content. Je bande l'arc le plus fort possible...et tire. Le fil de pêche se brise en vol et la flèche va se perdre dans la forêt plus de 100 mètres plus loin. C'est dans ce genre de moment que l'on se sent vraiment con...surtout quand on sait que c'était le seule et unique flèche !

Les recherches sont vaines, la flèche est noire et le sous bois recouvert de bois mort ne nous aide pas beaucoup. En rentrant près des voitures, fort dépité je dois l'avouer, mes yeux se posent sur la plaque d'immatriculation du véhicule de Max. Il y a une citation écrite dessus : "If everything goin your way, you're not on the right track." Le courage reprend du côté des troupes, on se servira d'une canne à pêche à la place de l'arc. Manu, pêcheur averti, réussi un lancer de 70 mètres en mettant un poids en bout de ligne. Affaire classé, nous prenons la route du harwood hole !

Une fois sur place, il nous est impossible de vraiment voir le trou, les abords sont trop glissants et dangereux. L'équipe se sépare en deux, pour réperer les points d'ancrages de chaque côté du trou. La partie qui va suivre sera un peu plus la technique, si vous n'avez aucune intention d'installer la ligne, vous pouvez ignorer la partie en italique :

( installation de la ligne : Le réperage des points est très aléatoire. Aucun chemin n'y mène réellement et il est impossible de donner des repères quelconques, la végetation étant plutôt dense. Prenez des photos de la ligne déjà posée avec vous pour vous aider et utilisez vos yeux...nous avons mis une petite heure pour les trouver.

En partant du principe que vous faites face au harwood hole en bout de chemin. Pour la partie gauche : revenez un peu sur vos pas jusqu' a voir une montée à peu près pratiquable, aidez vous des arbres pour monter et longez la falaise sur environ 250 mètres. Le chemin est plutôt intuitif et facile d'accès. Vous tomberez sur un espace très rocailleux au milieu de la végétation, à côté duquel se trouve une petite plate forme avec des arbres en bord de falaise. Vous y voilà ! De ce côté là, utilisez les arbres comme ancrages naturels en effectuant une triangulation sur ces derniers. Ne vous inquitez pas, ils sont robustes !

Pour la partie droite : c'est ici que ça se complique ! Revenez 400m en arrière sur le sentier jusqu'au panneaux indicatifs. Prenez la bifurcation sur la gauche en direction du point de vue. Celui ci donne sur l'autre partie de la vallée, c'est beau...mais c'est pas là ! Le chemin s'arrête mais continuez sur la crête en direction du trou. Si les rochers sont super aiguisés et les espaces de végétation tres denses, vous êtes dans la bonne direction. Vous pourrez la plupart du temps avoir la vue dégagée sur le harwood hole et la falaise d'en face. Essayez de poster quelqu'un de l'autre côté (sur la plateforme avec les arbres expliqués plus haut) pour vous repérez. Vous devez vous frayer un chemin dans le bush jusqu'à lui faire face. Si vous êtes 20 m plus haut que lui mais tout de même en face, vous avez trouvé.

Installez un rappel depuis les arbres et descendez d'une vingtaine de mètres jusqu'à apercevoir 5 points d'ancrage. Prévoir un casque pour le rappel, les rochers en bordure de falaises sont très (mais alors très) instables. Prévoir aussi des protèges cordes car ces mêmes rochers en plus d'êtres instables sont affutés comme des rasoirs. Les 5 points sont très propres, il n'y aucune trace d'usure quelconque et l'un d'eux est positionné de manière à travailler à l'arrachement. En ce qui nous concerne, Adri a posé la slack et la corde de backup en masterpoint (sur 3 points) et backupé le tout sur les 2 points restants. Pour faire passer la corde de backup de l'autre côté du trou, nous avons effectué un lancé de canne à pêche avec un poids depuis l'endroit où le rappel a été installé.)

Pendant l'installation, Charlie, un de mes collègues de travail nous a rejoint. Adri nous fait 2 magnifiques lancés de canne à pêche, et après beaucoup de noeuds et de patience...la slack est montée !

Le jour décline rapidement...et nous finissons presque de nuit ! Tout ceci nous a pris une journée entière, mais je pense qu'avec toutes les infos présentes dans ces lignes et les nombreuses photos, vous pouvez gagner du temps l'installer en une demi-journée.

Une fois de retour au parking, nous pensions la journée finie...erreur...eva et max manquent à l'appel. La nuit et noire, la forêt glacée, et personne ne sait si ils sont équipés d'une lampe. En moins de deux, une expédition est montée et nous voilà tous à courir à travers la forêt pour les retrouver. L'inquiètude disparaît au bout de 5 minutes, nous les trouvons en chemin, bien portant !

Voilà comment s'achève cette longue journée...et nous savons que la nuit qui nous attend, en comparaison, sera bien trop courte. (la suite au prochain numero^^)

Les photos accompagnant cet article ne sont pas libres de droits et ne peuvent pas etre utilisees a des fins commerciales. Si elle vous interessent, veuillez me contacter pour vous mettre en relation avec leurs auteurs : Eva Lawrenz, Charlie Brucki, Antonine Grosselin et Adrien Laxenaire.